Le compositeur, pianiste et chef d’orchestre François Cousineau affirme d’emblée «Enfin, j’ai osé!» À quatre-vingts ans et pour la première fois, il fait paraître un album de piano solo. Mémoires est maintenant disponible.

Ce qui, pour certains, peut relever de l’évidence, a représenté pour François Cousineau le plus gros défi de sa carrière puisqu’il a dû repousser les limites de sa pratique artistique: «Il paraît que la vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources. Le retour aux sources, pour moi, c’est faire face à la musique, seul avec mon piano. Je n’ai en effet que rarement composé d'œuvre exclusivement pianistique, bien que je joue de cet instrument depuis mes six ans. Cependant, ayant atteint un âge incitant à la modestie et l’introspection, j’ai senti l’envie d’aller plus loin artistiquement pour mon quatrième album, de me risquer à une œuvre plus intime».

Sorte de rétrospective de sa vie en musique, ce projet propose onze titres pour la plupart encore inédits, composés depuis ses vingt ans, et représente pour François Cousineau une façon d’écrire ses mémoires. En effet, les émotions et les réflexions qui ont inspiré les pièces de l’album sont à la fois intimes et universelles, elles peuvent rejoindre chacun de nous: l’amour des autres et de la vie, les deuils, l’acceptation et les consolations, le désir puissant de vivre et de comprendre…

«Autour d’un piano, puissent mes souvenirs faire écho aux vôtres, dans la beauté, l’espoir et la sérénité».

Mémoires, raconté par François Cousineau

Nocturne

Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,

L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. - A. Lamartine

«Je songe à Lamartine en pensant à l’humanité. Quelle déception, quelle tristesse. Pourtant, c’était beau la vie…»

Impromptu No. 3

«Dans un moment de paix, dans un petit studio au bord de l’eau, la musique s’est improvisée d’elle-même…»

La joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection. - B. Spinoza

Eros & Philia

«La force et la beauté de l’amour sous toutes ses formes, du désir au détachement bienveillant».

Ailleurs, le temps n’existe pas

«La physique moderne a découvert qu'il n'existe pas de différence entre le passé et le futur dans les lois fondamentales qui décrivent les mécanismes de l’univers. Ainsi, l'écoulement du temps ne serait qu’une illusion due à notre expérience empirique du monde, car au niveau élémentaire, tous les temps coexistent. Si "maintenant" est tout aussi subjectif que "ici", j’aime à penser que la mort aussi est un mirage, que notre réalité profonde est immobile, éternelle».

Chant d’adieu

«On préférerait que tous les adieux ne soient que des au revoir, pour cette vie qui reste toujours inachevée».

Vingt printemps

«C’est une des premières pièces que j’ai composées, à vingt ans. Souvenirs d’insouciance, de joie, de liberté».

Serenitas (Consolation)

«Une mélodie pour consoler, pour retrouver la paix de l’esprit face à un deuil, à une perte, à un échec. Une pièce qui nous invite à la sérénité face aux choses qu’on ne peut changer».

Une flamme, au cœur de la Guerre froide

«En pensant à elle en Pologne, à nous, peut-être, au Québec… La nostalgie d’un amour impossible s’incarne dans une mélodie romantique où pointe un espoir persistant».

Elegia (Berceuse)

Heureux enfant, que je t’envie

Ton innocence et ton bonheur !

Ah ! garde bien toute la vie

La paix qui règne dans ton cœur. - A. Berquin

Beyond Life I et II

«J’ai composé cette pièce à la mort de mon père, cherchant peut-être à apaiser le chagrin profond que je ressentais en imaginant un paradis espéré, au-delà de la vie, où se retrouverait l’âme du disparu. L'œuvre est aussi empreinte d’un questionnement existentiel sur le sens de la vie».

Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre. - B. Spinoza

Bien connu du public québécois, le compositeur et pianiste François Cousineau a lancé le 11 mars 2022 Odyssée et Nuits blanches, deux compilations de ses pièces instrumentales pour piano et orchestre diffusées numériquement sur toutes les plateformes. Tirées des disques François Cousineau (récipiendaire du Félix de l’album instrumental de l’année en 1999), Veux-tu que j’t’aime? et Clin d’œil à des amis parus au début des années 2000, elles comprennent aussi certains titres plus récents datant de 2020.

Ces deux nouveaux opus se complètent et se répondent. Odyssée, album-souvenir à la fois périple et retour aux sources, rythmé et allègre, rappelle les racines et les grandes influences musicales du compositeur. Nuits blanches, de son côté, évoque l’intériorité, la mélancolie, le deuil et les amours perdues, avec sa facture plus classique. Ensemble, ces deux ouvrages sauront ravir les mélomanes grâce à leurs superbes mélodies et leur équilibre remarquable entre musique classique et populaire.

Soixante ans sur la scène musicale québécoise

François Cousineau fait partie des compositeurs incontournables de l’essor musical du Québec depuis la Révolution tranquille. En plus de signer la musique d'un grand nombre d'émissions de télévision, de films, de pièces de théâtre et de comédies musicales, il s'illustre particulièrement en chanson. Il en composera plus de deux cents pour des artistes de renom, tels que Jean-Pierre Ferland, Pauline Julien, Clémence Desrochers, George Dor, Ginette Reno et Céline Dion, sans oublier Diane Dufresne. Avec elle et Luc Plamondon, il formera un “trio infernal” qui transformera le paysage de la chanson québécoise des années 1970.

Les compilations Odyssée et Nuits blanches sont disponibles depuis le 11 mars 2022. Une occasion unique de découvrir, ou de réentendre, les plus belles pièces musicales de François Cousineau, dont les succès instrumentaux Elzbieta et On meurt d’amour… doucement.