Dans nos Laurentidess logoÉdition du 18 décembre 2024 / 631e édition
12
Déjà 12 ans!
Mise à jour: 9 décembre 2024
Littérature
Pauline Vincent
Pauline Vincent/La Femme de Montréal

La Femme de Montréal

Montréal, 1934.

Fille d’une mère irlandaise et d’un bourgeois canadien-français, Claude Dufresne a reçu une éducation de haut niveau dans les grandes écoles montréalaises et parisiennes. Brillante, elle aspire à changer le monde comme journaliste, et rien ne peut l’arrêter… sauf qu’elle est une femme.

Qu’à cela ne tienne, elle décide de postuler au quotidien La Laurentie sous le nom de Claude Dumesne, un alter ego masculin créé de toutes pièces… et ce dernier est immédiatement convoqué pour un entretien d’embauche! Elle s’y présente costumée, et obtient le poste tant convoité.

Claude n’est au journal que depuis peu quand un collègue l’approche et l’invite sans détour à participer à la réunion d’une «association de patriotes qui a à cœur l’avenir des Canadiens-français». Curieuse de nature, elle accepte et découvre avec stupeur que ladite association – l’Ordre! – est en fait un rassemblement fanatique férocement xénophobe et misogyne ayant à sa tête un leader charismatique masqué soutenu par des «frères» dévoués.

Pour la journaliste en elle, l’occasion est trop belle. Elle décide d’infiltrer l’organisation, au péril de sa propre vie. Mais son existence sera transformée à jamais quand elle découvrira l’identité secrète du grand commandeur… et la nature du complot visant à l’éliminer!

Ce qu'il faut savoir…

La Femme de Montréal est un suspense historique s’inspirant fortement d’une période phare de l’histoire du Québec, de cette époque qui a vu naître le nationalisme canadien-français;

• Même si l’intrigue se déroule en 1934 et 1935, plusieurs de ses thématiques sont très actuelles, comme la place des femmes dans des métiers traditionnellement masculins, les boys club, le patriotisme exacerbé menant au racisme et à la xénophobie, la difficile cohabitation entre francophones et anglophones à Montréal;

• Le complot qui sera mis au jour par Claude dans cette histoire donne froid dans le dos. En se rappelant le contexte de la montée du fascisme européen d’entre-guerres, on ne peut faire autrement que de se demander : et si c’était arrivé ici?

• En bonus, le roman nous offre une visite passionnante dans la ville de Montréal telle qu’elle était à l’époque, avec son tramway et l’animation envoûtante de ses rues.

La Femme de Montréal Suspense historique

GF124, trois cent vingt-quatre pages, vingt-sept dollars et quatre-vingt-quinze (27,95$)
Éditions Alire


Entrevue avec Pauline Vincent

Pour quelle raison avez-vous choisi de situer votre histoire dans les années trente ?

Pour être plus près de la vérité historique. L’Ordre de Jacques-Cartier, sur lequel j’ai calqué l’Ordre de la Patrie, a pris corps dans ces années. En 1934 et 1935, années pendant lesquelles se déroule l’action de La Femme de Montréal, la société secrète battait son plein dans tout le Québec et certaines villes de la Nouvelle-Angleterre. Elle réunissait une partie de l’élite canadienne-française, du clergé aux membres des professions libérales, ceux qui avaient un certain pouvoir dans leur milieu.

Pouvez-vous nous parler du personnage de Claude Dumesne?

Mon héroïne Claude Dumesne est une jeune femme moderne, pour l’époque, issue d’un milieu riche de la haute société anglophone de Montréal, née d’un père canadien-français francophone et d’une mère irlandaise anglophone. Elle a su naviguer avec aisance entre ces deux cultures, préférant la vie à la française. Après ses études en France, elle veut déployer ses ailes dans un journal francophone. Toutefois, elle se heurte à un refus catégorique de La Laurentie, le meilleur quotidien au Québec. Pourquoi? Pourtant, elle a toutes les compétences pour devenir au moins stagiaire. Déterminée à réaliser son rêve, elle prend une décision drastique qui façonnera son destin.

Qu’en était-il de la condition des femmes journalistes à cette époque?

Profession presque exclusivement pratiquée par des hommes, les femmes journalistes pouvaient se compter sur le bout des doigts. Souvent reléguées aux pages dites féminines, elles n’intégraient que très rarement la salle de rédaction. Trente ans plus tard, à mon entrée au journal La Patrie en 1964, nous n’étions que quatre femmes sur un total d’une quarantaine d’hommes. Anecdote amusante… la direction n’avait pas encore budgété un espace pour nous… Alors, nous devions attendre notre tour à la toilette commune.

D’où vous est venue cette idée d’un ordre secret réunissant des Canadiens français?

C’est un cadeau de mon père! Quelques mois avant son décès en 1970, il m’avait avoué qu’il avait fait partie de L’Ordre de Jacques-Cartier, allant ainsi à l’encontre de son serment de discrétion qu’il avait fait dans les années quarante. Mon père, qui était un homme droit et intègre, ne m’aurait jamais avoué le secret des années de sa double vie, s’il ne voulait pas me laisser cet héritage. Pour moi, plusieurs rencontres et événements de ma jeune vie prenaient une nouvelle signification. Notre maison au carré Saint-Louis était un rendez-vous régulier de politiciens, d’avocats et de membres du clergé. Les murs du grand salon ont été les spectateurs muets de conversations houleuses et d’élaboration de stratégies pour améliorer le sort des Canadiens-français, alors majoritaires, qui vivaient et travaillaient dans un monde géré par les anglophones qui restreignaient leur avancement et les obligeaient à s’exprimer en anglais au travail et dans les commerces.

Quelle part de vérité peut-on retrouver dans votre roman ? Vous êtes-vous inspirée d’événements ou de personnages réels?

Comme dans mes autres romans, je me suis inspirée de l’époque et de tout ce qui s’y rattache, de la culture à la politique en passant par les noms de cigarettes et la mode. Après de longues recherches, d’ailleurs un des éléments qui m’accroche dans la construction de mes intrigues, mes personnages bien que fictifs évoluent dans un monde qui a déjà existé et réagissent dans la vie quotidienne de la même manière que la population de l’époque. D’ailleurs, même le langage parlé de mes personnages se marie au français qu’on parlait parmi l’élite de la société et qui était parsemé d’un vocabulaire étendu et d’une grammaire presque sans faute. La majorité des membres de l’Ordre a baigné dans la culture française lors de leur passage dans les collèges classiques d’où ils émanaient pour la plupart. Quant à la personnalité des personnages, c’est un amalgame de personnes que j’ai croisées dans ma vie tous les jours et en politique. Je dois l’avouer, Claude me ressemble beaucoup, à certains égards. Quant aux événements, plusieurs se sont produits au cours de ces années. Les édifices existent encore. La toile de fond de mes livres explore une période et des événements historiques, il est de mon devoir d’être le plus près de la vérité. Sinon, je perdrais la confiance de mes lecteurs qui ne me suivraient plus. De plus, je me fais un devoir d’intégrer le plus de détails véridiques dans mes livres pour mieux faire connaître les aspects de la vie de mes personnages.

Présentation de l'autrice

L’écrivaine Pauline Vincent, une femme d'action!

À l’aube de ses quatre-vingt un ans, Pauline Vincent récidive et lance son dernier suspense historique, La Femme de Montréal, aux éditions Alire.

Pauline Vincent
est une figure importante du monde culturel québécois. Écrivaine, journaliste et conférencière, elle est reconnue pour sa carrière dans le domaine des médias et des communications.

Pendant plus de trente ans, elle s’est investie dans la promotion de la littérature québécoise et de la défense des écrivains vivant à l’extérieur de Montréal, en fondant plusieurs regroupements d’écrivains en Montérégie et dans les Laurentides (2001). On lui doit, entre autres, le Centre international de poésie des Laurentides qui détient plus de la moitié de la bibliothèque privée de la poète Hélène Dorion et la librairie Lu&Relu, à Saint-Sauveur, dont les ventes financent en grande partie les activités de l’Association des auteurs des Laurentides.

En 2005, elle organise des événements littéraires à Tokyo, dont une soirée, très courue à l’Institut franco-japonnais, intitulée Lumières du Nord, avec la participation d’auteurs, de poètes et d’un musicien. Par la suite, deux de ces auteurs recevaient le prix Canada-Japon pour leur livre racontant leurs expériences pendant ce séjour.

Au cours de sa présidence de quatorze ans de l’AAL, elle a concocté un projet titanesque, celui de faire connaître les auteurs de la région ayant vécu ou écrit dans les Laurentides, depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Trois auteurs se joindront à elle et, de fil en aiguille, le thème s’étendra aussi au tourisme et à l’histoire de la région. C’est ainsi qu’est né Les Flâneries laurentiennes : histoire, tourisme, littérature (2012, Broquet) qui s’est mérité, entre autres, le Grand Prix de la culture des Laurentides et le Grand Prix du tourisme du Québec.

De plus, il ne faut pas oublier la création, il y a plus de vingt-cinq ans, des prestigieux Grands Prix du livre de la Montérégie, encore décernés annuellement. D’autre part, elle s’est activement impliquée dans les activités de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec, depuis sa fondation au début des années soixante-dix.

Femme aux horizons multiples et au parcours exceptionnel, Pauline Vincent peut s’enorgueillir de la longue liste de ces accomplissements professionnels, trop nombreux pour être énumérés ici. En voici donc un aperçu.

Depuis le milieu des années soixante, elle fut successivement journaliste, scriptrice, scénariste, animatrice, reporter, chroniqueuse et recherchiste à la radio et à la télévision, après un séjour en Europe en tant que correspondante à Paris et à Rome.

En plus d’avoir publié dix livres dans des genres différents, comme entre autres le livre pratique et best-seller Être belle dans sa peau (1978, Héritage), ainsi que la biographie en format de luxe de Favreau, peintre de la lumière (2001, Acme litho), elle s’adonne depuis les années quatre-vingt-dix au roman flirtant avec le polar et l’espionnage, dont les intrigues s’inspirent de différents univers de notre petite histoire. Mentionnons son best-seller L’Imposture (1995, Libre Expression), La Femme de Berlin (2004, Libre Expression / 2017, Alire) et, en septembre 2024, La Femme de Montréal (Alire).

Dernièrement, pour souligner son apport culturel unique à la région, l’Association des auteurs des Laurentides lui a rendu hommage en créant le prix Pauline-Vincent, décerné à un auteur d’une première œuvre, tout âge confondu, ainsi que la mise en place de l’Espace Pauline-Vincent, un lieu de création multidisciplinaire dédié aux artistes et aux auteurs des Laurentides.

Outre ses implications dans le monde littéraire, Pauline Vincent a été administratrice puis vice-présidente de l’Association internationale des femmes journalistes (section Canada). Entre 1984 et 1990, elle s’installe à Ottawa et est nommée adjointe spéciale du premier ministre du Canada (Brian Mulroney), puis agira comme conseillère principale et attachée de presse de la ministre des Relations internationales et de l’ACDI (Monique Landry) et, enfin, attachée de presse et conseillère en communication du ministre du Revenu national, du Solliciteur général du Canada et du ministre de la Défense (Perrin Beatty).

À son retour à Montréal, en 1990, elle prend la direction des communications à la Ville de Montréal.

Reconnaissance

Pour souligner son travail d’exception, Pauline Vincent a été récipiendaire de nombreux prix. En voici quelques-uns.

En 1998, elle reçoit la médaille d’or du Rayonnement culturel de la Renaissance française au titre des lettres françaises, qui est remis sous le haut patronage du président de la République française, Jacque Chirac, et des ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de l’Éducation nationale.

En 2001, elle est nommée Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, de la francophonie et du dialogue des cultures, par l’Assemblée parlementaire des cinquante-deux pays de la francophonie, pour son implication dans le monde littéraire.

Boursière du Conseil des arts et des lettres du Québec, cette même année, elle recevait le titre de Citoyenne d’honneur de la ville de Brossard.

En 2021, l’Assemblée nationale du Québec lui rend hommage pour souligner son travail exceptionnel à l’occasion du vingtième anniversaire de L’Association des auteurs des Laurentides.

La Femme de Montréal

La Femme de Montréal s’inscrit dans un cycle de trois histoires qui, à diverses époques, mettent en valeur des femmes fortes et atypiques, de celles qui osent sortir des rôles traditionnels pour se faire journaliste dans La Femme de Montréal, ou espionne dans La Femme de Berlin et dans La Femme de Lisbonne (en cours d’écriture).

Suspense historique, La Femme de Montréal se veut une adaptation libre du roman L’Imposture paru en 1995. Ce nouveau livre, écrit dans le style vif que l’on connaît chez Pauline Vincent, saura maintenir le lecteur en haleine.

Pauline Vincent
vit et écrit dans les Laurentides. Toujours active dans son milieu, elle agit comme conseillère auprès d’écrivains et d’institutions désireuses d’implanter des activités littéraires dans leur coin de pays.

À sa façon, Pauline Vincent compte parmi cette génération de femmes de tête et de cœur qui ont construit le Québec moderne, se tissant un destin à la hauteur de leurs espérances et ne reculant jamais devant les obstacles de tous les boys club qui ont jalonné leur parcours.

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